Culture & Langue
culture
À Ighil-Ali
L’éducation et la transmission du savoir ont toujours occupé une place importante. Bien avant l’indépendance de l’Algérie, on y trouvait déjà des écoles, où de nombreux enfants apprenaient à lire, écrire et développer une conscience du monde. Cette ouverture intellectuelle a permis à plusieurs figures marquantes, comme Jean et Taos Amrouche, d’émerger de ce petit village de Kabylie.
Mais la culture d’Ighil-Ali ne se limite pas à l’école. Elle vit aussi dans les gestes quotidiens, les savoir-faire transmis de génération en génération, notamment par les femmes du village.


La langue kabyle, l’artisanat et
le savoir-faire
La langue kabyle : un patrimoine vivant
À Ighil-Ali, comme dans toute la Kabylie, la langue kabyle (ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ – tamazight) est bien plus qu’un moyen de communication : c’est une mémoire vivante, transmise oralement depuis des siècles. Les habitants parlent un kabyle riche en expressions imagées, porteur d’identité et de traditions. Malgré les évolutions modernes et la montée de l’arabe ou du français dans la vie quotidienne, la langue kabyle reste largement parlée dans les foyers, lors des fêtes ou des assemblées villageoises (tajmaat).
Aujourd’hui, des efforts sont faits pour préserver cette langue à travers l’enseignement, les chants, la littérature et les médias locaux.

Artisanat et savoir-faire
Ighil-Ali a longtemps été reconnu pour son artisanat, notamment le tissage, la poterie, la menuiserie et la fabrication d’objets en cuir. Chaque famille possédait un savoir-faire transmis de mère en fille ou de père en fils. Le tapis kabyle, coloré et symbolique, était tissé à la main dans les foyers. Ces objets ne sont pas de simples biens matériels, mais des témoins d’un art de vivre, d’un lien profond avec la terre et les ancêtres.

Musique et chants traditionnels
La musique occupe une place centrale dans la culture d’Ighil-Ali. Les chansons kabyles, accompagnées de flûtes (ajouag), de tambours (bendir) ou de guitares modernes, racontent les luttes, les amours, la nature ou la nostalgie du pays. Les veillées étaient autrefois rythmées par les achwiq, des chants poétiques improvisés, et les idhebbalen, poètes et musiciens itinérants, faisaient résonner les mots dans les cœurs.
Les fêtes de mariage et les célébrations religieuses ou saisonnières sont encore l’occasion de retrouver ces sons authentiques.


La cuisine kabyle
Parmi ces traditions, la préparation du piment doux et du piment fort est un bel exemple de savoir-faire ancestral. Chaque année, les femmes récoltent les piments frais, les lavent soigneusement, puis les coupent en deux pour retirer l’intérieur et les graines. Ensuite, elles les étendent au soleil pendant plusieurs jours, sur des nattes, des toits ou des planches, jusqu’à ce qu’ils soient totalement secs.
Une fois séchés, les piments sont broyés à la main ou au moulin. On y ajoute parfois de l’ail, du sel, voire d’autres épices selon les familles. Ce mélange est conservé dans des pots ou des sacs en tissu, et sert d’assaisonnement traditionnel pour une grande variété de plats kabyles.
Parmi les recettes typiques assaisonnées avec ce piment séché, on retrouve :
Le couscous (seksou) plat central de la cuisine kabyle. Afdir-oukessoul, est préparé à base de farine de blé dur. Les femmes préparent une pate quelles forme en boules ensuite ouverte à la main et étalée soigneusement avec de l’huile d’olive, une fois prêtes, cette pâte est ajoutées directement dans une marmite contenant une sauce rouge chaude, préparé avec des tomates fraîches; du piments séchés , de l’ail, de l’oignon.
La cuisine locale reflète la simplicité et la richesse de la vie traditionnelle. Couscous au beurre ou à l’huile d’olive, galettes de semoule (aghroum), soupes de pois chiches (chorba), figues séchées, huile d’olive maison et lait caillé : autant de plats liés aux produits du terroir. Les repas, souvent pris en commun, sont l’expression de la générosité et de l’esprit d’accueil des habitants.